Interview - Anthony Bernard, auteur de "L'Histoire Naturelle d'Augustin Lelièvre"

 

Dans mon aventure pour préparer l'auto-édition de mon roman Parfum d'Etrange, j'ai contacté et interviewé quelques auteurs auto-édités pour qu'ils me partagent leur retour d'expérience.

Après l'interview de May C.Ellis, je vous partage cette fois mon échange avec Anthony Bernard, 32 ans, chercheur en biologie des plantes. Anthony a fini un contrat il y a environ 1 an et a décidé de prendre une année sabbatique pour écrire son premier roman, "L'Histoire Naturelle d'Augustin Lelièvre". En parallèle de la rédaction et la publication en auto-édition de ce roman en juillet 2021, Antony a passé un concours et brillamment obtenu un poste de chercheur pour l'année 2022.

 

MB : Pourquoi l'auto-édition ?

Anthony Bernard : Quand j'ai eu l'idée de mon roman, j'étais persuadé que les maisons d'édition classiques ne s'intéresseraient pas à cette histoire sans prétention. J'ai découvert l'auto-édition dans une vidéo de Christelle Lebailly, sur sa chaîne Youtube, et le concept m'a tellement plu que j'ai pris la décision de me lancer en une journée.

 

MB : Quelles ont été les étapes principales, et les délais ?

Anthony Bernard : Tout d'abord, j'ai écrit le premier jet en 4 mois, en travaillant 3 à 4h par jour. Comme je fais plutôt partie de la team "jardinier organisé", je notais l'avancée de l'intrigue, chapitre par chapitre, avec l'aide d'un carnet. Mais je n'ai pas fait de fiches personnages, ni de plan. Cette période d’écriture a été parfois compliquée, avec de nombreux moments de doute.

Ensuite, j'ai confié mon manuscrit à mon entourage et ma famille pour une alpha lecture poussée. Je leur avais préparé une fiche lecture d'une dizaine de pages afin de les guider dans la relecture. Les questions portaient sur la cohérence de l'histoire, les personnages, l'intrigue principale, les intrigues secondaires, etc.

J'ai ensuite passé environ 2 mois sur une première réécriture, principalement des intrigues secondaires. Puis j'ai investi dans une béta-lecture professionnelle avec Christelle Lebailly, dont j'ai été très satisfait, non seulement par la qualité de son retour (un compte-rendu développé de 17 pages) et des délais (3 semaines). J'ai ensuite pris un mois pour la seconde réécriture de façon à développer un peu plus certains personnages.

Au printemps j'ai recherché des prestataires pour faire la couverture. J'ai choisi une illustratrice (Sophie Rivière, même nom sur Instagram) pour faire la première de couverture et je me suis chargé moi-même du dos et de la quatrième de couverture. J'ai également trouvé une correctrice sur Instagram, @contact.moonnotes (Céline Champalaune), très bienveillante, et qui a pu vérifier l'orthographe la conjugaison, la grammaire et même la typographie à un coût très raisonnable en 3 semaines.

La dernière étape, cruciale, a été de choisir entre adhérer à une "Maison d'auto-édition" qui offre un service aux auteurs en plus de gérer l'impression et la distribution du roman (les plus connus sont Librinova et Books on Demand (BoD)) ; ou bien de tout faire moi-même en passant par un imprimeur, ou Amazon KDP.

 

MB: Alors comment as-tu orienté ton choix, et quel en a été le résultat ?

Anthony Bernard : J’ai su assez vite que je ne voulais pas tout faire moi-même avec un imprimeur. Malgré le haut niveau de redevances, et sa popularité, la solution Amazon ne m'a pas séduit non plus car l'environnement et l'écologie sont des valeurs importantes pour moi, mais moins pour Amazon. Le papier n'est pas issu de forêts gérées durablement et leur empreinte carbone laisse à désirer. De plus, ça me gênait d’avoir mon roman en exclusivité sur une seule plateforme.

Alors je me suis renseigné sur les "maisons d'auto-édition" :

Je suis d'abord parti sur Librinova, avec une offre à 230 € qui revendique un travail de qualité sur l'impression et également une très large diffusion. Si le nombre de ventes est important, ils mentionnent même sur leur site internet proposer un accompagnement avec un agent littéraire et une promotion auprès des maisons d'édition classiques.

Dans la pratique, j'ai eu beaucoup de mal avec le service maquette/impression. Les maquettes d'impression reçues de leur part, étaient très différentes du document de référence que je leur avais envoyé. Mon roman contient de nombreuses illustrations libres de droit en couleur, ainsi que des polices et des dessins originaux. Tout cela avait été enlevé par leur logiciel de mise en page, qui est bridé et ne permet pas une mise en page originale, et seulement des polices du genre « Times New Roman » ou « Calibri ». Pour un roman classique, cela peut être suffisant, mais cela ne répondait pas à mon besoin. J'ai aussi eu beaucoup de difficultés à contacter leur service client. Ils étaient injoignables par téléphone, et par email j'ai mis 7 jours pour recevoir une réponse.

Pour toutes ces raisons, j’ai demandé un remboursement et je me suis finalement tourné vers BoD, qui offre un programme à 19 € (contrat annuel tacitement renouvelable) pour la mise à disposition sur différentes plateformes (référencement sur Amazon, Fnac, Cultura, Chapitre, Décitre, et certaines grosses librairies), et son impression à la demande. BoD a également sa propre librairie, qui est d'ailleurs plus avantageuse en termes de marge. En revanche, l'abonnement Kindle n'est pas inclus. Le service client de BoD est toujours joignable, très à l'écoute et bienveillant. Par email le temps de réponse est en général de deux jours. BoD prend aussi en charge la demande de numéro ISBN, et le dépôt à la Bibliothèque nationale de France. Seul bémol, comme ils impriment à la demande, le délai de réception du roman après commande est assez long, jusqu’à 15 jours.

 

MB: Ton livre a été publié en juillet. Comment ça s'est passé ?

Anthony Bernard : C’est pas mal de travail car il faut tout faire soi-même, avec des modèles et des tutoriels. La création du livre est assez simple sur le site BoD grâce à un logiciel en ligne. Celui-ci repère les anomalies entre ton document et les règles de mise en page de l'édition. Il ne permet la conversion en fichier pdf que lorsque toutes les règles ont été respectées. Il faut joindre également le fichier pdf ou jpg correspondant à la couverture. Ensuite la publication a pris une semaine. Le résultat est super, tout à fait conforme à ce que j'avais envisagé. En un peu plus d’un mois, j'ai vendu 50 romans et j'ai reçu des retours positifs. J'espère que ça va continuer comme ça !

 

 

MB : Parlons de ton roman maintenant. Quelle en est l'histoire, en quelques mots ?

Anthony Bernard : Ce roman jeunesse, qui cible les 13-18 ans, raconte l'histoire d'Augustin, jeune étudiant en biologie, passionné par les insectes. Son souhait le plus cher est de travailler au Muséum d'Histoire Naturelle de Bordeaux. Pris en stage au Muséum, il est missionné pour faire du tri dans leurs réserves "Oiseaux". Là-bas, il fait la rencontre d'un paon empaillé magique qui va lui faire revivre des scènes du passé, liées à la disparition de sa mère quand il avait 5 ans. Augustin va donc enquêter sur sa famille et son passé, et ses recherches vont le conduire à faire le tour du monde avec sa meilleure amie sur les traces du passé de sa maman.

Ce roman aborde de nombreux thèmes comme l’importance du rôle des musées et des sciences, le harcèlement scolaire et la biodiversité. Il a une forte morale écologique.

 

MB : quels sont tes projets pour la suite ?

Anthony Bernard : Je pense dans un premier temps développer un personnage secondaire de la famille d'Augustin qui apparaît à la fin du roman. Je souhaiterais proposer une nouvelle gratuite construite autour de ce personnage courant 2022.

Je n'ai pas d'autres idées de roman pour l'instant, mais j'aimerais changer de genre et m'attaquer à un roman policier ou un thriller, pourquoi pas même de l'horreur.

 

MB : un dernier conseil ?

Anthony Bernard : Quoi qu'il arrive, il ne faut surtout pas laisser ton histoire dans un tiroir. Il y a forcément des personnes dans le monde à qui l'histoire plaira...

 

Un grand merci à Anthony Bernard pour avoir répondu à toutes mes (nombreuses) questions avec gentillesse, et pour avoir partagé son expérience de façon si détaillée.

Beaucoup de succès pour la suite !